Ces gens qui ont bonne conscience ont la mémoire courte
La bêtise longue comme le mois d'août, ils connaissent pas le doute.
Leur vie ? Un rail qui ne tolère pas de courbe.
Leur petite taille ? C'est parce qu'ils naissent, restent et crèvent à genoux.
Si, loin de leurs banques, de leurs chiffres, tu sembles vivre,
sache que ceux qu'ils sentent libres ils s'en méfient.
Sans répit face aux rêves, ces gens aiment se rendre, et vite.
Je taffe aux quatre coins du jour, loin de mon couple.
Pas le choix : chaque mois, faut joindre les bouts,
et y'a toujours l'un de ces bons époux pour semer le trouble,
et ce besoin de se mêler de tout que rien n'étouffe…
Les mêmes qui baisent en rêvant de ma belle et douce,
eux et leurs réponses à tout je leur serrerai le cou.
Ces gens qui ne connaissent ni honte, remords, ni regret,
tous autant qu'ils sont déjà morts d'être nés.
Les bonnes consciences condamnent douleur et violence,
s'en offensent de toute leur éloquence devant la télé.
Mais le soir où la mort danse sur le palier,
que les coups recommencent et que la douleur est victime de violence
et implore leur clémence, là, les bonnes consciences font l'oreille sourde.
Toutes derrière leurs portes, elles écoutent le drame arriver.
Et au matin, devant la douleur refroidie, la violence bras liés,
les bonnes consciences sont ravies de leurs verrous d'acier.
La bonne conscience est vertueuse.
L'hostie léchée, l'esprit léger, elle prie contre les mères tueuses et l'I.V.G..
Vingt ans de dimanches qu'elle célèbre la vie et s'élève
- comme le Saint-Père l'a dit - contre le préservatif.
C'est pas les gestes lascifs de son époux qui troublent ses nuits.
Celles-ci sont blanches, car le doute les suit.
Et chaque soir, dans l'élan de sa foi, elle demande à Marie, serrant sa croix,
que les gosses ne soient pas d'un autre que son mari.
Ces bonnes consciences qu'un livre ou deux change en Itzhak Rabin -
et qui d'un coup savent tout des plus nobles combats -,
puis qu'un autre livre ou deux change en Yigal Amir.
Montre-leur la lune, elles ne verront que ton doigt.
Ces bonnes consciences que tout diminue ont tout des eunuques :
courtes et menues, elles savent comment tout faire, mais n'ont jamais pu.
Parlant du Bien, du Mal, un doigt sur la gâchette.
Et n'ont d'humain que l'art de ne plus savoir l'être.
Ce nouvel ordre occidental a la fierté fragile
: avouer sa part d'échec, c'est ajouter à sa défaite.
A genoux sans âme ni tête, il bouge au pas des States.
Et tout ce qui se trouve en face, c'est le traître.
Si, pour lui, un poseur de bombes se cache sous chaque turban,
pour moi un cœur de colon bat sous son col blanc.
Nos sociétés modernes se flattent d'avoir tout appris,
mais leurs procédés obscènes témoignent qu'elles n'ont rien compris.